jeudi 23 juillet 2015

Seule sur la route

Qui a l'habitude de voyager sait qu'il arrive toujours un moment où il faut partir - Paolo Coelho


Kymia : La dernière fois, je dînais à Lausanne, en compagnie de nouvelles connaissances, et comme toujours le sujet a vite dérivé sur les voyages ( ce qui arrive souvent quand je fais partie de la conversation ...) et très vite les deux jeunes hommes en face de moi m'ont demandé où j'avais voyagé.

J'ai toujours eu l'impression d'avoir beaucoup voyagé mais plus je me penche sur la carte du monde et plus je me rends compte que mon score est assez ridicule.

Après ça, le jeune homme en face de moi m'a demandée si cela me tenterait et si je me sentirais capable un jour de partir voyager seule.


J'ai doucement rigolé devant cette question, car depuis ces 5 dernières années j'ai pris l'habitude voyager seule. Pour des raisons diverses et variées. Voici un post sur le pourquoi je voyage seule, comment et pourquoi c'est une bonne idée pour ceux qui oseraient se lancer.

1. Voyager seule ne signifie pas voyager seule

Je vous assure, ce premier point à tout son sens!
Ma première expérience seule à l'étranger était en juillet 2010 où je me suis envolée pour la Finlande, avec l'intention de participer à un festival de jonglage ( oui une époque révolue de ma vie mais à laquelle je suis encore nostalgie...*soupir* ). A l'époque je vivais à Londres, j'étais donc la seule de mes autres amis jongleurs à partir de ce côté de la Manche, les autres étant plutôt fidèles aux aéroports de Paris.

Le sort a fait qu'à cette période, une grève des aiguilleurs a empêché tout ce beau monde de partir pour ce merveilleux pays, et les a gardé figés et déçus sur le territoire français.
D'abord hésitante, j'ai fini par aller seule à Helsinki en me disant que je rencontrerai bien des têtes familières sur place.

Premier pas vers le voyage seule, je me retrouve à Helsinki en juillet 2010, où le soleil ne se couche jamais vraiment, où la nuit semble noire vers 1h du matin et qu'il se relève vers 4h.
Je suis donc arrivée dans une auberge de nuit hors de prix ( comme le reste du pays ), où j'ai squatté un dortoir pendant les 2 jours qui me séparaient du début du festival.

Et là..

La simplicité même. Dès que je me suis assise dans le lobby pour lire, un jeune Irlandais est venu me parler et m'a posé les quelques questions qui deviendront par la suite mon quotidien dans les différents voyages que j'ai fait et que je qualifie de "cheap talk"

"What's your name? Where are you going? Where have you been before? When did you start your trip?"

Aussi simple que ça. Après ça j'ai rencontré une Israëlienne, une Russe, puis une fois à la convention, des Anglais, des Allemands, des Espagnols etc.

Le reste de mon expérience de voyage en solitaire, m'a vite fait comprendre que les gens qui voyagent seule sont très nombreux, très particulièrement les hommes, aussi être une fille seule rend l'approche et la rencontre encore plus facile. Car il faut bien le dire, les gens ont toujours l'air plus accessible quand ils sont seuls à lire un livre plutôt qu'à un groupe de 6 où les gens éclatent de rire entre eux à leur blague, ou encore que les couples dont on a toujours peur de déranger l'intimité.

Durant mon voyage de 3 mois en Amérique du Sud,  les seuls moments où j'ai pu être vraiment seule, était le résultat de ma propre initiative, quand j'étais en effet fatiguée de ces rencontres superficielles et éphémères d'un jour, et où je devais recommencer ce "cheap talk" tous les jours.

2. Il FAUT apprendre l'ANGLAIS dans la vie

Un des arguments qui m'a souvent poussée à voyager seule est la barrière de la langue.
J'ai eu la chance et l'initiative d'apprendre l'anglais par moi même quand j'étais jeune adolescente, à force de regarder des films et des séries en VOSTFR, ce qui a habitué mon oreille à la langue de Shakespear et a rendu mon apprentissage de cette belle langue bien plus facile.

"Life is too short to learn German"
J'adore parler anglais, je pense parfois en anglais, et mon sens de l'humour est différent dans cette langue ci, j'ai même appris au détour d'un voyage en Bolivie avec mes compagnons Canadiens de Vancouver, que j'avais un humour canadien. Qu'est ce que cela signifie? Pas la moindre idée, mais apparemment mes réponses collaient bien à leur blagues.

J'adore parler anglais, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Et malheureusement, trop de fois je me suis retrouvée tiraillée entre une amie avec laquelle je voyageais qui ne parlait pas un mot d'anglais, et des Américains, Anglais, Australiens, Irlandais, ou même Allemands, Hollandais etc. qui me proposaient de venir boire des verres ou diner avec eux.
  
Gênée de laissée mon amie seule car elle se sentait vite à l'écart des conversations et s'ennuyait ferme, mais aussi déçue de ne pas pouvoir connaitre plus ces gens qui avaient sûrement beaucoup à m'apprendre, je finissais souvent par maudire le mauvais système français d'apprentissage des langues.

J'ai souvent décidé de partir seule à cause de ça, à cause de cette limite linguistique que peuvent avoir mes compagnons de route qui m'empêche de vivre mon voyage comme bon me semble ( argument très egoïste je vous l'accorde, mais ma passion des voyages me poussent à n'agir que dans mon propre intérêt dans ce genre de situation ) que j'ai moi même expérimentée de l'autre côté, quand j'étais en Amérique du sud, et je me rendais compte que mon espagnol était trop limité pour avoir une réelle conversation.

Ne pas cultiver cette curiosité de la langue étrangère est pour moi une énorme erreur, car il suffit de la dépasser et d'essayer, d'y consacrer du temps et de se lancer, et là on ouvre des portes d'un autre monde, d'une autre culture, d'un autre univers en osant parler à quelqu'un qui vient d'ailleurs et qui a sûrement plein de choses à nous apprendre, et à qui on a sûrement aussi des choses à apprendre. Cette porte qui est si proche, reste malheureusement fermée si la barrière de la langue n'est pas soulevée. 

Canadian, French and Dutch meet on the top of Samaïpata mountains


3. Parfois j'ai juste envie de dormir ou boire des coups et je n'aime pas les musées

Une autre raison qui me fait souvent prendre la route en solitaire c'est tout simplement : la différence d'envie.

Alors, oui j'aime les randonnées et la nature, non je n'aime pas les musées, oui j'adore boire des bières entre voyageurs, non je n'aime pas les boîtes de nuit, oui j'aime explorer les lieux, non je n'ai pas besoin de faire ça toute la journée, oui parfois je me réveille tard, non je n'ai pas besoin de tout voir dans chaque ville.

Une mauvaise expérience de voyage avec un bon copain du quotidien qui s'est révélé être un terrible compagnon de route pour moi, m'a fait décider de ne plus me plier aux envies des autres lors de mes voyages. Je suis totalement ouverte aux propositions, mais je préfère ne pas me forcer à divertir l'autre en le ou la suivant dans des choses qui ne m'intéresse absolument pas alors que je n'ai qu'une envie c'est de dormir toute la journée. Et il faut l'avouer, on le fait toujours un peu quand on voyage à plusieurs, on se sent obligé d'être actif pour ne pas que l'autre s'ennuie.

C'est cette possibilité a pouvoir voyager comme je l'entends qui fait que je suis souvent seule sur la route, comme cette fois à Salta en Argentine ( cf : le post sur l'Argentine ) où je ne souhaitais pas visiter la ville ni faire du cheval comme tous les touristes le font, j'ai préféré boire du vin, manger des empanadas et rester à discuter avec des Suisses allemands. Faire à mon rythme, voir les choses que je veux sans faire me sentir obligée de faire tout ce qui se trouve sur le guide, et profiter.

Après comme je l'ai dit plus haut, 98% du temps je n'étais pas seule lors de mes voyages, mais je rencontrais des gens sur le chemin, avec qui je n'avais pas d'engagement, pas de besoin ou de nécessité d'être tout le temps avec eux, on pouvait être ensemble une journée et se laisser le jour d'après, reprendre chacun sa route en ayant profité du temps passé ensemble.

Profiter. Profiter d'être moi, avec moi.
Car il n'y a qu'en voyageant que je me sens vraiment moi.


4. Voyager seule, ça apprend carrément la vie

Alors oui, ça impressionne parfois les gens quand je dis que je voyage seule et la réaction que j'ai souvent c'est "oooooh mais je sais pas comment tu fais moi je pourrais pas !!!!".
Oui c'est sûr qu'il faut être capable de se supporter soi même et de se divertir soi même, donc quand on est incapable de faire ni l'un ni l'autre, ce type de voyage ne correspond pas.

Mais être seule, oblige aussi à une certaine ligne de conduite, particulièrement quand on est une femme seule. On me demande souvent si je n'ai pas peur quand je voyage ainsi. Eh bien non je n'ai pas peur, et je crois bien que je suis même un peu inconsciente parfois, et même si une fois ou deux j'ai sûrement dû frôler le drame, je n'ai jamais rien eu en terme d'agression. Mais bien sûr il ne faut pas jouer à l'imbécile.

Je ne suis pas partisante du "oui mais moi je suis pas une touriste, je veux voyager à la roots et vivre un truc authentique, avec des gens hors des grandes villes"

Premièrement, je vais vous dire une chose, nous sommes tous des touristes. Pas de la même manière bien sûr, je ne me considère pas comme les touristes chinois qui se déplacent en bloc et mitraille toutes les rues ou se font des films selfie tous le long du voyage et voyagent dans l'Europe en 7 jours.
Mais peut importe à quel point on ne veut pas être un touriste quand on voyage dans un pays étranger en sac à dos pour une courte période, on est vu et considéré comme un touriste.

Deuxièmement, je vous dis ça parce qu'en tant que fille seule, j'ai une ligne de conduite à tenir pour éviter que le voyage ne tourne au drame, et qui ne peut être compatible avec le discours de ne pas être une touriste et de vouloir sortir des sentiers battus.

Par exemple : je ne me permet pas de sortir le soir seule, ni de sortir des lieux touristiques ou des villes plus ou moins grandes et connues, je prends les transports officiels, j'évite les excursions sauvages sans un minimum de marquages et si quelqu'un me dit de ne pas aller par là, alors je n'y vais pas. Ainsi j'évite de me retrouver dans des situations à risque, et si malgré tout cela m'arrive, je n'aurai simplement  pas eu de chance, mais j'aurai tout fait pour ne pas le provoquer.

Les histoires d'agressions arrivent souvent et n'importe où dans le monde, pas forcément en Amérique du Sud qui semblent toujours être la jungle pour les Européens ni dans les pays arabes qui semblent tous être dangereux et sous le contrôle du Daesh pour les Nord Américains ( notez que cette tendance est très intéressante, plus c'est loin de chez nous et plus les opinions sont méconnues et extrêmes dans le négatif ). 

Toute cette psychoses vient surtout de fait que les gens entendent dire des choses, se réfèrent parfois au site du gouvernement qui nous déconseille de visiter les 3/4 de la Terre, mais les gens ne savent pas vraiment. Aussi il est souvent drôle d'entendre les gens dire avoir peur de lieu où vous avez vécu ou alors où vous êtes déjà passé.

Comme parfois on me dit "Paris c'est tellement dangereux, j'ose pas y aller, parce que je serai obligée de prendre le métro ça fait trop peur, il y a tellement d'agression!"
Ca me fait toujours doucement rire....

Je sors un peu du sujet là, mais je pense qu'on se méprend beaucoup sur certains pays ( d'autres sont réellement dangereux et je ne le contredit pas ), la Colombie n'est pas qu'un cartel de prostitution, de drogue et de pauvreté, l'Amérique du Sud est aussi avancée que l'Europe, l'Inde n'est pas un lieu où on se fait violer dès qu'on est une femme, les pays arabes ne sont pas tous à risque encore moins les pays comme la Turquie.

Se renseigner auprès de personnes qui sont passés récemment dans les pays convoités est la meilleure solution, et non pas se crée un fantasme, une psychose véhiculée par les médias ou par des rumeurs dépourvues de fond.

Donc psychose non, prudence oui.


Salar de Uyuni, Bolivie

Voyager seule, c'est aussi tout simplement apprendre à se débrouiller, à poser des questions, à aller vers les gens, a apprendre à parler des langues, à réfléchir de façon logique à des choses qui nous semblent simples dans la vie quotidienne, à dépasser ses limites et faire des choses qu'on aurait pas pensé être capable de faire un jour.

Voyager seule amène aussi à être plus humble, on sort de ses habitudes, de son monde, et sa fameuse zone de confort, on est seul et vulnérable, et on se surpasse, on va vers l'autre, on s'ouvre à l'autre et on laisse de côté toutes les habitudes, les choses qu'on connaissait de notre vie du quotidien, de la confiance qu'on avait acquis dans un cercle social parfois un peu fermé, on s'ouvre, on se montre tel qu'on est sans l'influence sociale derrière.Et on accepte de suivre les autres là où on aurait pas pensé à aller de soi même.

Amérique du Sud 2012 - Bolivie - Salar d'Uyuni

"The world is a book and, and those who do not travel only read a page" - Sainte Augustine


Décembre 2012 - Bolivie

Kymia : La suite de mon aventure sud américaine, s'est poursuivie, dans la logique des choses à la Quiaca, la frontière entre l'Argentine et la Bolivie.
Sur les conseils de différents voyageurs rencontrés à Salta, j'ai préféré arriver avec le premier bus de la journée sur les lieux, afin de ne pas attendre à la frontière la soir, seule, mon passeport à la main.
Car oui, il est long et parfois difficile d'obtenir son tampon pour passer la frontière, alors autant le faire en plein jour et sous le soleil, plutôt que le soir, dans une ambiance sordide.
Une fois la frontière passée, je me suis arrêtée à Tupiza, avec pour seul but, un des "high light" du voyage : le Salar d'Uyuni ( mer de sel ), une des plus belles choses que j'ai eu l'occasion de voir dans ma courte vite et une des expériences les plus palpitantes. J'y consacre ici un post rien que pour lui, le reste de la Bolivie viendra après, car ce lieu est tellement exceptionnel, qu'il mérite qu'on en parle longuement.
Il existe deux façon de faire le circuit du Salar, en partant d'Uyuni vers Tupiza ou de Tupiza vers Uyuni.
Suivant encore les conseils d'un voyageurs, j'ai décidé de garder le Salar d'Uyuni pour la fin, comme une récompense qu'on attend, comme un cadeau qu'on nous aurait promis.

Le circuit du Salar, se fait en jeep, UNIQUEMENT en jeep, et ceux qui l'ont fait, comprennent bien pourquoi il n'est pas possible de le faire seul à pied, car ce site est tout simplement GIGANTESQUE et si on veut être sûr de ne pas louper des choses, il faut partir avec un guide, avec sa jeep, et une gentille cuisinière assise à ses côté pendant 4 jours qui nous préparent des petits plats lors de nos arrêts dans les gîtes ou à l'arrière de la jeep dans une cuisine improvisée.

Il est bien difficile de décrire ce merveilleux circuit qui reste un des moments les plus époustouflants de la plupart des voyageurs qui sont passés par là.
Les 4 jours, se découpent dans des régions complètements différents les unes des autres et offrent des paysages figés dans le temps tel des tableaux qu'on observerait longuement sur les murs d'un musée sombre.

Nous avons commencé par roulé à travers les montagnes, visitant des villages déserts, où les ruines laissaient penser à une histoire triste et dramatique, puis nous nous arrêtions dans des lieux un peu plus peuplés où habitants et lamas cohabitaient. Quebrada de Palala, El Sillar, Nazarenito, Chilcobija, Cerrillos, Poulos, Rio San Pablo, San antonio de Lopez...
Entre déserts sablés et montagne enneigées nous avons vu passer plusieurs continents sous nos yeux en quelques heures.
Le temps passe lentement à l'arrière d'un jeep où nos genoux sont coincés contre le dossier de devant, et où le silence règne la plupart du temps. Je n'ai pas la chance de tomber sur une équipe de choc pour ce voyage, j'ai partagé mon temps avec deux Français et une Australienne avec qui le courant passai très peu ( du moins avec moi ) et je regrettais souvent de ne pas être partis avec ce groupe de 3 garçons que j'avais croisé à Tupiza mais à qui je n'avais pas osé proposer ma participation au circuit et que j'ai finalement retrouvé plus tard sur le chemin.

Nous avons donc parcouru déserts à perte de vue, vu de près et de loin des montagnes telles des mirages peintes au pinceaux, laissant ne brume de poussière glisser le long de ses côtes, nous avons fait plusieurs arrêts pour observer les lagons et leur couleurs improbables, El Lagon Colorada où les flamants roses se tenaient majestueusement sur les eaux colorées, prêts à s'envoler, nous aussi pris pris un bain chaud tant attendu dans les thermes, respiré l'odeur de souffre qui jaillissait des geysers et dormi dans un hôtel entièrement fait de sel ( dont j'avoue avoir léché le mur pour confirmer sa note salée ).

Un des grands problèmes qui peut être relatif selon les personnes est : el mal de la muntaña.
Le tour du Salar d'Uyuni monte à plus de 4000m d'altitude, autant vous dire qu'à cette hauteur, nous manquons vite d'oxygène, que le souffle devient court, et qu'une petite pente à monter peut nous donner l'impression de respirer comme un asthmatique. A cela s'ajoute le mal de tête qui m'a pris plusieurs fois durant les froides nuits du Salar, mais heureusement les remèdes locaux marchent souvent bien, tel que les feuilles de coca dans le thé.





Le dernier jour du tour a été la consécration, le lumière au bout du tunnel, le graal, le moment tant attendu, tout ce que vous voulez, mais il était là : le Salar d'Uyuni.
Une mer de sel à perte de vue, où  le soleil qui se reflète sur ces dalles blanches vous brûlent la peau et les yeux, et où l'infini se déroule là sous nos yeux.

Nous nous sommes levés avant le lever du soleil pour observer le jour se lever sur cette magnifique étendue, puis nous avons visiter une île aux cactus, et parcouru le reste de ce désert en jeep.
James, Samer et Thomas, les trois rigolos de la bande se sont permis, malgré les interdictions du chauffeur de monter sur le toit de la jeep, et nos avons tous fini par suivre le même chemin.

Être là, assise, sur le toit d'une jeep, parcourant ce grand miroir naturel vers un point inconnu, m'a fait vivre un des plus beaux moments de ma vie. C'est dans ce genre de moment que la jeunesse nous prend, peu importe l'âge et qu'on se sent immortel, quand le vent nous caresse le visage et passe ses doigts fins dans nos cheveux, que le soleil est là pour nous regarder avec clémence, on se rend compte de la chance que l'on a de pouvoir voir ça et d'être là, et là on se dit : nous sommes immortels.
James, Samer et Thomas








Après avoir fait notre instant touriste et pris nos photos avec des effets de perspectives nous avons rejoint un lieu qu'on appelait "le cimetière des trains", où des cadavres de wagons et locomotives se trouvaient, eux aussi figés dans le temps, à attendre un énième touriste qui souhaiterait entrer dans ses entrailles et y faire le rigolo.




Le tour du Salar s'est terminé dans la ville d'Uyuni, où nous somme rapidement redescendu de nos petits nuages de sel, confrontés à la dureté et l'impolitesse des habitants face aux touristes. La ville était d'ailleurs réputée pour ça, après avoir vu passer des centaines de milliers de touristes, le sourire s'est petit à petit évanoui du visage des habitants.

Cette expérience restera uns des plus belles de mon voyage en Amérique du Sud et de tous les voyages confondus que j'ai eu la chance de faire. Je souhaite à n'importe qui de se retrouver là  un jour, pour sentir l'infini glisser entre nos doigts, sentir le soleil nous accompagner à nous en brûler les ailes, et rouler vers l'infini, comme si demain n'avait plus d'importance, car on avait vécu le Salar d'Uyuni.

En se concentrant bien, on peut y lire "Bolivia" :)


La suite des aventures en Bolivie à venir dans un prochain post.

Amérique du Sud 2012 - Argentine

"The world is a book and, and those who do not travel only read a page" - Sainte Augustine



Novembre 2012 - Argentine

Kymia : L'année 2012, a été une des plus belles que j'ai eu la chance de vivre dans ma courte vie.
Depuis deux ans j'économisais pour partir en voyage, avec l'idée à la base de faire un tour du monde, mais rapidement la réalité financière m'a rattrapée, aussi j'ai préféré concentrer mon temps sur un continent et sur un temps restreint.

J'ai donc décidé de partir quelques mois en Amérique du sud, seule, comme je l'ai souvent fait, à la recherche de quelque chose, ce quelque chose qui nous pousse souvent à demander plus à la vie, à vouloir essayer de nouvelles expériences, à vouloir immigrer à l'étranger, rencontrer de nouvelles personnes, ou changer de travail. Nous sommes tous à la recherche de ce quelque chose à notre manière, une nouveauté, une découverte qui nous rendrait plus épanouie.

Pour ma part, le voyage est ce quelque chose qui me rend plus vraie, plus vivante, plus Moi. J'ai donc décidé de partir pendant quelques moi à la recherche Moi-même.

L'aventure a commencé à Buenos Aires en Argentine. Après avoir fait mes adieux déchirants à Sébastien, j'ai atterri dans la capitale la plus Européenne d'Amérique du Sud ( certains disent que c'est le Paris du continent, surtout pour l'arrogance de la population...hahahaa.. ) sans mon sac à dos qui est arrivé 3 jours après moi. Autant vous dire que le voyage commençait bien...

Accompagnée d'une jolie Allemande du nom d'Eva, j'ai parcouru la ville en vélo, et découvert à pieds les quartiers les plus touristiques de la ville comme celui de la Bocca qui m'a laissé un agréable souvenir par ses maisons colorées, ses tango à tous les coins de rue, les hommages à la belle Evita et les images de Majardonna sur tous les murs.

Bien sûr en tant que filles seules, je précise que je ne vais quasiment que dans les endroits touristiques pour éviter les ennuis. L'Argentin rencontré à l'aéroport à mon arrivée, était d'ailleurs bien inquiet de me voir voyager seule, sans un seul contact en Amérique du sud, et se demandait si il me reverrait un jour ( je l'ai d'ailleurs rassuré en venant lui rendre visite dans son restaurant à Paris à mon retour :) ).

Après un atterrissage en douceur en Argentine, et après avoir récupéré mon sac à dos sans mon opinel et mon couteau suisse ( volés à l'aéroport je présume... ) j'ai petit à petit décidé de mon itinéraire pour cette première partie du voyage, qui allait être fortement influencé par mes différentes rencontres.

1. Les chutes d'Iguazu


Entre la frontière argentine et brésilienne, les chutes d'Iguazu font parties du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1984, elles se répartissent entre les deux frontières et bénéficient d'un panorama différent si on les observe depuis le côté argentin ou le côté brésilien. Cette agréable promenade le long de ponts surplombant les chutes, permet de parcourir le site sans se perdre et offre des point de vue merveilleux, qui n'ont rien à envier aux fameuses chutes du Niagara. Les chutes se fracassent tellement violemment dans la rivière qu'une brume constante donne l'impression que l'eau est en ébullition là dessous, et ce qui est encore plus étonnant à réaliser, c'est qu'on ne sera jamais capable de voir cette partie de la rivière, sans cesse cachée par ce cascade constante.

Remarque assez stérile je vous l'accorde, mais personnellement réaliser que personne ne verrait cette partie des chutes m'a donné un sentiment étrange d'infini, tout comme on se rend compte que l'univers en infini et en extension ( instant philosophique attention ! )

Après ces quelques jours je suis retournée à Buenos Aires, où j'ai décidé de prendre un billet d'avion por le "Bout du monde" plus communément appelé Ushaia, Terra del fuego. Après quelques recherches j'ai décidé de prendre un vol domestique, pour m'éviter les 30h de bus pour descendre dans le sud du pays... vous comprendrez ma démarche je pense !

2. Ushuaia - Terra del Fuego


J'ai passé quelques jours sur l'île en compagnie d'une Anglaise ( Keren ) et d'un Allemand ( Andrée ), le long du port, en mer le long du Canal de Beagle à observer les otarie, respirer l'air marin d'un tout autre monde, à observer les montagnes au milieu desquels se profilait le "bout du monde", et se reposer dans les auberges de jeunesses familiales et chaleureuses.
J'ai par la même occasion, expérimenté mon premier auto-stop, le pouce en l'air, en espérant qu'une âme charitable s'arrêterait pour nous emmener au parc naturel de la Terre de feu, le fameux parc où les randonnées et les campings attirent les trekkers du monde entier. Première expérience avec succès, nous avons été déposées au parc par un jeune cuisinier argentin :)

Le parc de la Terre de feu, a été un des "high light" de mon voyage, la nature de ces lieux est paisible, changeante et respectée. Le long du chemin nos pouvions observer des paysages semblables aux dessins animés Disney où la verdure enivrante nous donnait l'impression de voir grand mère feuillage apparaitre à tout bout de chant, puis quelques mètres plus loin, la savane africaine avait pris place dans des couleurs jaunes safran, des arbres nus, comme carbonisés par le soleil, des plages de d'algues et vie marine aux couleurs étincelantes puis des montagne au sommet enneigé comme on le voit souvent en Patagonie.

Le plus beau était de voir à quel point les gens respectait la nature, ce qui sera assez récurrent dans mon voyage en Argentine. Pas une seule fois je n'ai vu un déchets joncher les sentiers du parc naturel, pas un seul papier, pas un seul mégot, la nature préservée et respectée, un vrai bonheur.

Ushuaia a été une belle partie du voyage, mais aussi difficile pour ma part à ce stage précoce du voyage.
A ce moment là, il semblait que le sort s'acharnait sur moi de manière un peu sadique.

A commencer par mon sac à dos en retard de 3 jours, mes couteaux volés, j'avais enchainé avec la perte de mon appareil photo neuf, cassé par une anglaise éméchée à Iguazu qui l'avait laissé tomber par terre, puis d'un ordinateur qui avait grillé ma carte mémoire de photo à Ushaia, me faisant penser que toutes mes belles photos du parc avaient été perdues.
Dans mon désespoir, j'avais pensé que peut être le ciel, dieu ou peu importe, quelque chose tentait de me faire comprendre quelque chose, et que peut être ma place n'était pas ici actuellement, pas dans ce voyage et que peut être je devais rentrer en France.

Suite à cette torture psychologique que je me suis infligée, j'ai fini par me tourner vers mon gourou du voyage pour lui demander son avis : Mauro, rencontré en Jordanie ( voir le post sur la Jordanie ), qui m'a énormément rassuré, et m'a fait comprendre que quand on partait en voyage ainsi, surtout seul, on devait accepter le fait qu'on pouvait tout perdre de matériel, et que perdre un appareil photo ou autre permettait aussi de voir le voyage autrement que sur des photos à poster sur facebook, et que du moment qu'on gardait la santé, le reste devait être secondaire.

J'ai fini par accepter ce fait, et étonnement plus rien de négative de ce genre ne m'est arrivé le long de ces 3 mois en Amérique du sud ( le karma, le karma... )

3. Patagonie

Torres del paine

La suite de l'aventure au pays du barbecue s'est poursuivie le long de la frontière chilienne où j'ai pu entamer une partie du trek du W à Torres del Paine. J'y ai rencontré un adorable Allemand ( Tobias ) qui a partagé son repas chaud et son gaz avec moi qui avait débarqué sans rien, puis poursuivi ma route avec deux Israéliens ( Tomer et Sharon )  le long de la Patagonie argentine. Les Israéliens sont nombreux en Patagonie étonnement, à leur contact, j'ai beaucoup appris de leur coutume et de leur culture, et je me suis donc bien moins étonné d'en rencontrer autant, quand ils m'ont dit que le service militaire à 19 ans était obligatoire pendant 3 ans, je comprenais bien qu'après ça ils pétaient souvent un câble et partaient voyager. Alors après, pourquoi la Patagonie plus qu'un autre endroit? Aucune idée...

Perito Moreno
J'ai remonté la Patagonie en m'arrêtant au glacier du Perito Moreno en passant par le merveilleux villages des trekkers El Chalten où chaque matin il était simple de se réveiller sans projets particuliers et de juste prendre le chemin d'une randonnée qui partaient directement du village. A ce moment là j'ai réalisé que ma façon de randonner n'était pas optimale quand je me suis mise à marcher 5h d'affilés sans pause, ni boire ni manger et que j'ai failli m'effondrer lors des derniers mètres...
El Chalten

Suite à ça j'ai expérimenté mon trajet en bus le plus long de ma petite carrière de voyageuse : 28h de bus pour me rendre dans la "Suisse de l'Argentine" j'ai nommé Bariloche.
A savoir que les bus en Amérique du sud sont extrêmement confortables, les gens prenant peu l'avion et plus le bus, les compagnies développent beaucoup ce type de transport. Bien sûr cela dépend du prix qu'on paye, pour ma part j'ai toujours choisi les "semi cama" où le siège s'inclinait jusqu'à environ 25° du sol, les jambes relevée, couverture et coussin inclus, films disponibles et un hôte servant des plateau repas, et parfois même du champagne !

J'ai donc atteint Bariloche après 28h longues heure de bus.
Après presque un mois de voyage, je commençais à ressentir le besoin de m'arrêter plus de 48h dans une ville et Bariloche m'a accueillie chaleureusement.

Bariloche
J'ai trouvé dans la Suisse argentine, un petit coin de paradis dans une auberge de jeunesse tenue par un jeune couple et leur petit garçon, où les matins étaient parfumés de l'odeur du pain maisons, où la table commune se recouvrait de confiture et du fameux Dolce de Leche dont raffolent les Argentins ( sorte de chocolat au caramel qu'ils consomment sous toutes ses formes ), et où le soleil bronzait ma peau mâte dans le jardin où le long des randonnées. Il est vrai que maintenant que je vis en Suisse, le côté montagne et lac peut faire penser à cette partie de la Patagonie.

Mendoza
Après quelques jours de repos, j'ai repris la route en direction de la Bolivie, où j'ai pu profiter d'une sérénité et d'une douceur de vie auprès d'autres voyageurs, notamment à Mendoza où j'ai pu parcourir la route des vins à vélo ( qui n'est pas forcément une très bonne idée après le 5e verre de dégustation.. ) où les soirées avec mon cher Matthias ( un Allemand que je retrouverai plus tard à Istanbul ) et ma belle Suédoise Ann, se ponctuaient de verres de vins et de rires d'adolescents, dans un jardin paisible aux doux tintements des cloches accrochées ci et là dans les arbres et à la couleur des hamacs.


J'ai fini mon voyage en Argentine par la ville de Salta où un gros coup au moral m'a frappé, et j'ai trouvé refuge dans la compagnie de 5 Suisses Allemands buvant du vin blanc et mangeant des "empenadas" à tour de bras ( sorte de tapas argentines ).

La fatigue des déplacements, la superficialité des certaines discussions à la première rencontre avec les gens, plus l'éloignement avec Sébastien m'avaient fait connaitre mon premier coup de blues du voyage.
Il est vrai que voyager seul permet de rencontrer beaucoup de monde, mais la plupart s'accordent à dire que ce qu'on appelle le "cheap talk" ( les "hey, how are you doing? Where are you going next? Where have you been? For how long have you been travelling? ) pouvaient être monotones et parfois éprouvant quand on commence à voyager depuis un certain temps.

La suite, se déroulera en Bolivie dans un prochain post.

L'Argentine regorge d'une nature et de paysages très différents lorsqu'on voyage entre le nord et le sud, la Patagonie reste un un paradis pour les trekkers, les montagnards, qui éblouie par ses montagnes, ses glaciers, et ses lacs uniques, quand le nord ressemble plus à la Bolivie avec sa terre aride, sa pierre rouge, et ses habitants aux vêtements traditionnels.
Ce pays m'a fait rencontrer une population chaleureuse et très occidentalisée, j'y ai rencontré des voyageurs du monde entier, et partagé des moments simples avec eux, où la pression de la vie quotidienne s'envole et où les petits plaisirs de la vie prennent le dessus. C'est parmis ce que j'apprécie le plus en voyageant, être hors du temps et des normes sociales, être plus vrai, être plus moi.

Jordanie - Sur les traces d'Indiana Jones



Kymia : L'histoire commence vers le mois de novembre 2011, où mon ancienne colocataire et moi avions décidé de partir ensemble en vacances. Elle, n'ayant pas eu de vacances depuis 1 an, mourrait d'envie d'aller au Maroc, ce que j'ai approuvé, bien que le Maghreb ne m'ait jamais vraiment intéressée ( à tort, j'en suis sure ! Ne me tappez pas, j'ai dit que j'avais sûrement tort ! )

Et c'est là que l'élément perturbateur arrive : février 2012, ma colocataire, citoyenne Russe, n'avait pas encore son visa permanent pour la France, il était donc difficile de partir en vacances avec tous ses rendez vous prévus à l'ambassade. Malheureusement et il était plus que temps de réserver nos billets.
Après avoir boudé quelques minutes sur le fait que je partirai donc sans elle, elle m'a laissé le feu vert pour partir seule à l'aventure.

J'ai donc réorganisé mes plans très rapidement, cherchant un lieu où partir sans elle. Après avoir pensé au Danemark, la Hollande, de nouveau l'Angleterre, et autres destinations je me suis rappelé du récit qu'une de mes ancienne collègues m'avait raconté à propos de ses voyages.Elle m'avait souvent parlé de la Jordanie, qu'elle avait visité en 1998 ( oui oui nous n'avons pas EXACTEMENT le même âge, car je ne pense pas qu'elle y serait allée seule à...11 ans ! ), et étant une fan d'Indiana Jones, j'avais toujours en tête le souvenir du Trésor de Pétra où Harrison Ford était venu chercher le Graal ( certain ont Laurence d'Arabie en référence, je préfère celle d'un mec avec un fouet se balançant dans le vide... )

Après quelques clics les yeux fermés sur le site d'edreams ( car si j'avais continué à regarder le prix du billet plus de 15 secondes j'aurais surement renoncé... ), j'ai réservé mes places pour la Jordanie du 7 au 14 mars 2012. Et acheté un chapeau à la Indiana Jones dans la foulée ( fanatique? Noooooooon... )

Départ pour Amman avec la Royal Jordanian ( instant pub ), et pour 5h de vol qui m'ont parue interminables ( j'ai d'ailleurs commencer à angoissé des 12h d'avion que j'allais devoir subir pour aller au Vietnam en avril... ).
Mon arrivée dans la capitable du Royaume Hashemite de Jordanie fut tellement étonnant pour ma part, qu'il illustre très bien l'état d'esprit dans lequel s'est déroulé tout mon séjour.
Débarquant seule, avec mon sac à dos et ma petite valise, je me suis mise à la recherche du bus pour m'emmener au centre ville. Un groupe de Jordaniens m'expliquent, selon l'adresse que je cherchais que je devais prendre tel bus qui m'y emmènerait, sans me préciser à quel stop je devais m'arrêter ( suspect? En effet c'est ce que j'ai pensé aussi ! )

Je monte finalement dans le bus après qu'ils m'aient inondée de "where do you come from? Oh France, Welcom to Jordan ! What's your name? You are so beautiful. Welcome to Jordan". Après 45min dans le bus je me retrouve à une gare routière où je retrouve le même groupe de Jordaniens ayant surement pris le bus en même que moi, qui m'accueillent les bras ouverts en riant me disant "oh here she is ! Come here !", et en moins de 3 minutes, je me retrouve dans un taxi, ma valise dans le coffre, et accompagnée directement à mon hôtel sans encombre. Moi qui m'attendait à attérir dans une maison close, cette première expérience m'a tellement étonnée que je suis très vite tombée amoureuse de ce pays et de l'hospitalité de ses habitants.


J'ai pris l'habitude depuis quelques années de voyager seule car je ne supporte pas les visites guidées dans les sites touristiques, j'ai de la peine a devoir suivre le rythme d'autres personnes qui mettraient trois plombes à se préparer à sortir, et il m'est difficile de me couper des étrangers qui ne parleraient qu'anglais si je voyage avec des gens qui ne le parle pas
D'autant plus que beaucoup seront d'accords avec moi : on ne peut pas voyager avec n'importe qui.

Mais finalement partir en solitaire ne signifie pas que l'on sera seul. Car je n'ai jamais été vraiment seule, et j'en ai eu l'exemple même le soir de mon arrivée à Amman où je me suis retrouvée avec deux jeunes hommes, m'accompagnant pour ma première nuit en Jordanie. L'un étaitt anglais de Liverpool et l'autre un mélange assez typique entre la Suisse, l'Allemagne et l'Italie.
C'est dans ce genre moment que j'apprécie pleinement mes voyages, dans les moments où je rencontre des gens comme moi, traversant les frontières sans trop se poser de questions, à qui tout semble possible, et qui profitent à fond de leur voyage en solo pour découvrir d'autres cultures, d'autres horizons, aux travers des personnes qu'ils rencontrent sur leur route.

Mon trip en Jordanie se sera donc organisée ainsi : 2 jours à Amman, 3 jours à Pétra ( en passant par la route des Rois ), 2 jours à Wadi Rum, et retour à Amman pour repartir à Paris.

Après avoir quitté Mauro à Amman ( le jeune homme suisse pour qui j'avais accepté de rester une journée de plus dans la capitale, à cause de ses beaux yeux et aussi car il avait insisté pour que je reste après m'avoir fait boire 2 pintes de bière... ), j'ai pris la route vers Pétra, le "high light" de mon voyage. Avec mon fidèle taxidriver Mehkel nous sommes passés par Madaba, le canyon de Montenebo, Dana et e,fin, après 7h de route, Pétra.


J'ai partagé mon temps entre les visites, les longues ballades avec les personnes rencontrées à l'hôtel et celles rencontrées sur le sites même, les discussion avec les débouins louant des chameaux ou des ânes, les bédouines m'offrant le thé et vendant des colliers à bas prix.
Une merveille, un spectacle à vous couper le souffle.

J'ai encore ce merveilleux souvenir en tête de la traversée du canyon, obscur et sinueux, offrant des couleurs de roches rouges et des dégradés de couleur, témoin de l'usure du temps et de la vie sur les parois. On avance, on avance, on avance puis on le voit entre deux parois, on l'aperçoit, on avance, et il s'offre à nous dans toute sa splendeur : le trésor de Pétra.

Je vous avoue être venue à la base en Jordanie pour trouver une réponse à certaines questions, car avant de partir j'étais partagée entre mon désir de voyager, mon refus de m'installer ou de chercher un mari, et la vie stable et posée que je pouvais parfois envier chez mes collègues toutes mariées avec des enfants. J'espérais trouver cette réponse, assise dans le désert au milieu des chameaux, le regard dans le vide vers le soleil couchant ( j'ai le goût de la mise en scène oui ). C'est ce que j'ai fait.


Une fois en me perdant au sommet du trésor de Pétra, je me suis assise sur un rocher au milieu des chameaux à regarder le paysage et... rien! Pas de réponses, pas de signes, aucun appel, rien ( déception du jury ).


C'est donc émerveillée par les ruines, les tombes, le monastère, et le trésor de Pétra, de sa pierre rouge aux liserets pourpres et mauves, de la gentillesse de la population, que j'ai quitté la ville pour le désert de Wadi Rum. Au revoir à Pippa la jeune Anglaise intrépide, à Eros et Marina, les deux Italiens jeunes diplomés de l'université, à Olli et Rita, le couple Malaisie-Finlande vivant à Londres, à Cheryl l'Américaine de 65 ans continuant à voyager comme j'aimerais continuer de le faire plus tard, et au revoir à tant d'autres gens qui ont peuplé ma route.



La nuit dans le désert de Wadi Rum fut une des plus reposantes à ce stade du voyage où mes yeux commençaient à sentir le poids des réveils quotidiens à 5 ou 6h du matin. Accompagnée de Lee et Sarah ( deux anglais excentriques comme l'Angleterre aime les faire ), j'ai passé une soirée dans un camp bédouin très bien installé, autour d'un feu à écouter un chanteur avec sa sitar et manger un délicieux riz ( made of Love, comme disait mon chauffeur de jeep ), et un poulet cuit sur le feux. Une charmante soirée qui a réchauffé nos corps quelques peu engourdis de voyageurs.

Le meilleur souvenir de ce passage dans le désert, restera les quelques minutes que nous avons passé avec Lee et Sarah à regarder les étoiles, allongés sur une couverture sur le sable, au milieu de tout, un ciel étoilé tellement pur au dessus de nos tête, nous rappelant combien nous étions insignifiants dans tout l'univers.

Le lendemain, retour vers Amman, en passant par la Mer Morte ( le taxi de Mekhel se rappelle encore de tout le sel que j'ai semé après une rapide baignade dans l'eau fortement salée ) de retour au même hôtel où j'avais dormi en arrivant au début de mon séjour. Un petit mot de la part de Mauro m'y attendait, ainsi que le sourire et la sympathie du personnel de l'hôtel. J'ai pu y retrouver Sarah et Lee avec qui j'ai passé ma dernière soirée en Jordanie.


Après une courte nuit, j'ai repris le chemin de l'aéroport vers 5h du matin, emmenée par celui qu'on surnommait "Tiger" dans l'hôtel, brûlant tous les feux rouges sur sa route sous pretexte "qu'il n'y a personne dans les rues à cette heure". Oh dear God. J'ai fini par me résigner et fermer les yeux pendant le voyage pour éviter de voir arriver une morte certaine.

Après les 5h d'avion, je me suis retrouvée de nouveau à Paris, dans mon appartement, mes bras et mon visage carbonisés par le soleil de Pétra, et contant mes histoires à ma colocataire.

La Jordanie aura été un des voyages qui m'aura le plus marqué et le plus plu, car malgré ce que je disais plus haut, que je n'avais obtenu aucune réponse en étant assise seule dans le désert, au milieu des chameaux, avec le recul j'ai compris que j'avais trouvé ma réponse.
De façon inattendu, mais je l'avais trouvé : c'est en rencontrant toutes ces personnes, voyageant comme moi, que j'ai compris que je faisais les bon choix dans ma vie, que ce que je faisais en partant à l'aventure, c'était tout simplement ce que j'étais, et que si je devais me poser, trouver un mari maintenant et faire des enfants ici à Paris, je serais malheureuse. Il n'y a pas de bons ou mauvais choix pour sa vie, l'important c'est de s'écouter et tout mettre en oeuvre pour atteindre ses rêves et objectifs.

Tout simplement. La réponse ne m'est pas venue en observant le coucher du soleil sur les dunes du désert, elle est juste sortie de la bouche d'un jeune Suisse venu un peu par hasard en Jordanie qui m'a fait comprendre que si c'était ce que je voulais, alors j'avais raison de le faire, et que je DEVAIS le faire. C'est donc à Mauro, en grande partie, que je dois ce que j'ai accompli jusqu'ici en terme de voyage, car par sa personne, son enthousiasme, ses récits, son humour et sa générosité, j'ai voulu devenir comme lui, j'ai voulu suivre sa trace en le gardant comme un exemple du quotidien.



Pour tous les voyageurs que j'ai rencontré le long de mon chemin depuis toutes ces années : je vous aime tous.





Ta Ta ta taaaaa ! Tatataaaaaa ! ( Musique thème d'Indiana Jones )